Intervention du président Charles Michel au Forum de Paris sur la paix

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C’était un plaisir et un honneur pour moi d’être présent ici aujourd’hui. Je voudrais commencer par remercier et saluer pas seulement l’implication, mais l’action sans relâche du président français pour être engagé, afin de faire en sorte que le monde tente de résister, d’anticiper et de se mobiliser quand on fait face à des défis globaux. Et ces échanges sont utiles et nécessaires.

Quelques réflexions pour ce qui me concerne. Premier point: le siècle passé a été marqué par deux guerres mondiales absolument tragiques. Et puis, après ces guerres tragiques mondiales, il y a eu une lueur d’espoir au travers de la décision de quelques leaders politiques de tenter de bâtir un modèle multilatéral. Imparfait, certes, qui prenait en considération le contexte de l’époque, mais qui a visé à mettre ensemble dans le cadre des Nations unies, dans le cadre de l’Union européenne, dans le cadre d’autres organisations, les différents pays du monde, pour tenter de faire reculer la tentation du repli sur soi, du nationalisme, de l’individualisme des peuples. Mais au contraire, pour tenter de considérer qu’il y a des défis: la paix, la prospérité, la sécurité doivent mobiliser ensemble. Ma conviction, c’est que cette pandémie révèle de façon brutale, de façon douloureuse même, un certain nombre d’enjeux qui étaient devant nous avant la pandémie et qui amènent notre génération, pas seulement politique économique, citoyenne, les sociétés civiles, à se poser les bonnes questions et à tenter d’y apporter les bonnes réponses pour agir ensemble. Merci de nous permettre, dans un moment tel que celui-ci, de prendre le temps de réfléchir, d’échanger et de tenter d’agir ensemble.

Quelques réflexions. Un: s’agissant de la pandémie, le président Macron l’a très bien expliqué, nous sommes très mobilisés, très engagés pour faire en sorte que l’on puisse coopérer de manière concrète sur le terrain des vaccins.

C’est très important qu’il y ait là un bien commun afin que dans les prochains mois, on puisse démontrer que notre coopération permettra, je l’espère, en un an à peine, ce qui est peu, non seulement de développer des vaccins, de les produire, alors qu’habituellement il faut pratiquement dix ans.

Deuxième point: j’ai formulé tout à l’heure l’idée, je la reprends ici, peut être devons-nous aller au-delà et tirer les leçons de cette pandémie qui nous frappe. Nous sommes prêts à appeler à la mise en place d’un traité international sur les pandémies, pour qu’il y ait un engagement international plus fort pour prévenir ces crises. On voit que c’est nécessaire, c’est indispensable, mais aussi, quand on y est confronté, de pouvoir agir plus vite, de façon plus rapide, de façon plus coordonnée. Pour garantir qu’il y ait des équipements médicaux. Pour échanger très vite les informations les uns avec les autres afin de faire en sorte de protéger au mieux nos citoyens.

Deuxième point, je ne vais pas être très long par rapport à cela. Nous avons abordé cette conviction: avant la pandémie nous savions que le changement climatique était un enjeu pour le monde, pour la planète, et nous voyons avec que cette pandémie, à quel point cette analyse-là est juste et à quel point on doit être mobilisés. Mobilisés au travers des investissements pour soutenir des capacités de transformer le modèle de développement, de production, de consommation. On est tous dans le même bateau par rapport à cela. Pas simplement les gouvernements dans les différents pays du monde. C’est aussi le rôle des sociétés civiles, des citoyens, des entreprises -les petites, les grandes – d’être mobilisées ensemble. L’Union européenne veut assumer sa part. C’est ainsi que nous avons affirmé cette ambition de neutralité climat à l’horizon 2050. Et nous sommes actifs sur le terrain de la diplomatie climatique. Avec les Nations unies, naturellement, nous allons systématiquement tenter d’amener cette dimension pour faire progresser ensemble la capacité de faire reculer cette menace.

Et puis, il y a un troisième point que je voudrais mentionner: finalement, que ce soit au siècle passé, les tragédies, les guerres, que ce soit aujourd’hui encore partout dans le monde où il y a des tensions, des conflits et donc de la douleur, je pense qu’il y a un point que l’on ne doit jamais perdre de vue. C’est finalement cette appartenance à une humanité commune. Et cette conviction – c’est ce qui est écrit avec éloquence dans la Charte des Nations unies – que la dignité de chaque être humain, quelle que soit son origine, quel quel soit le lieu de sa naissance, sa condition sociale, sa dignité, sa liberté personnelle, requiert d’être mobilisés contre toutes les formes de discrimination. Cela doit nous rassembler.

C’est le socle commun de ces valeurs universelles qui doit nous mobiliser. Et c’est en cela que cette menace qui n’est pas nouvelle, qui s’est encore déployée de manière douloureuse, brutale, ici en France, en Autriche et ailleurs dans le monde, le terrorisme, va tous nous mobiliser. On va être mobilisés pour attaquer ses causes profondes, c’est à dire les discours de haine, l’apologie du terrorisme, la tentation de certains d’instrumentaliser pour nourrir un cercle vicieux, le cercle vicieux de la méfiance, du rejet et puis parfois, malheureusement, du passage à l’acte violent. Au contraire, on doit être dans le dialogue, dans la compréhension mutuelle, mais en étant très fermes sur ce socle commun de valeurs fondamentales. La liberté de croire ou de ne pas croire, le respect pour les croyances des uns et des autres, mais aussi la conviction que les libertés fondamentales, les libertés qui nous rassemblent, doivent être en permanence au cœur de nos priorités.

Voilà quelques-uns des éléments que je souhaitais partager avec vous. Si nous voulons un monde plus juste, un monde plus équitable, un monde plus robuste, un monde mieux à même de résister aux chocs, quand il y a des chocs, il y en aura encore d’autres à l’avenir, il faut être mieux préparés. Pour un monde dans lequel nous anticipons davantage en coopérant plus et mieux ensemble.

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