Intervention by President Charles Michel at the European Parliament on the video conference of the members of the European Council of 23 April 2020

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First of all, I would like to thank you again for giving me this opportunity to take the floor here. This crisis is unprecedented and it means that we need to take unprecedented decisions. And that is why I am convinced that a very strong cooperation between the democratic and legitimate European institutions will be vital in the next weeks and in the next months.

It is the occasion or me today to share with you some comments after our fourth video conference, after the last European Council. As you probably know, we have taken some very strong orientations. The first goal was to endorse the proposals made by the ministers of finance in order to mobilise more than 540 billion euros, to support workers, companies, and Member States. We have asked the ministers of finance to implement this decision by 1st June.

Of course, we all know here, but also in the European Council, that it is not enough. And I would say that this last European Council was the occasion to shift from crisis management in the short-term to the mid-term and long-term vision about what we need to do, especially to have a strong debate about the orientations for the recovery strategy.  And I would add for the transformation strategy of our economic and social model.

Cette quatrième vidéo conférence a été l’occasion de débattre également sur base de la feuille de route pour la relance et la transformation économique préparée ensemble avec la présidente de la Commission.

J’ai eu l’occasion précédemment à ce Conseil européen de présenter les quatre chapitres que nous mettions sur la table et je voudrais ici me concentrer plus particulièrement sur deux aspects qui ont fait l’objet des débats et qui doivent continuer à nous mobiliser dans les prochaines semaines et les prochains mois. Le premier point reste l’importance d’être tout entier mobilisé sur la question du marché intérieur. Comment peut-on renforcer le marché intérieur et comment, surtout, peut-on considérer que les défis qui existaient avant cette pandémie n’ont pas disparus avec cette pandémie: l’agenda climatique, l’agenda digital.

Je vous rappelle que quelques mois à peine avant le début de cette pandémie, des décisions très fortes et j’ai envie de le dire, même de portée historique, avaient été prises notamment par le Conseil européen, avec le soutien d’ailleurs très engagé du Parlement européen, pour considérer que la neutralité climatique de l’Union européenne devait être un objectif mobilisateur pour soutenir nos entreprises, pour soutenir notre transformation économique et sociale, il en va de même pour cette ambition digitale. Pour continuer à agir plus que jamais va être nécessaire, dans cette direction là, en considérant que climat, agenda digital doivent être au centre du projet commun que nous voulons mettre en œuvre. Le marché intérieur, c’est aussi le débat sur l’autonomie stratégique de l’Union européenne et nous sentons dans ce Conseil européen une orientation de plus en plus partagée pour considérer que l’on doit tirer les leçons du passé, tirer les enseignements et ramener en Europe des capacités de production. J’ai envie de dire, pour paraphraser ce qui a été évoqué au Conseil européen, ramenons du made in Europe.

Il y a une question qui est tout à fait centrale. La crise a démontré l’importance d’être mobilisé sur ce sujet, une stratégie qui intègre ce raisonnement. A côté de cet important engagement sur le marché intérieur et en ayant formulé la demande à la Commission européenne de présenter prochainement un rapport sur la manière dont les différents écosystèmes européens sont affectés d’ores et déjà et comment ils le seront peut être probablement dans les prochaines semaines, afin que l’on puisse disposer d’une information qui soit la plus utile possible.

The second important point is of course the financing.  It is essential to develop a very strong and ambitious strategy to mobilise more means based on two very strong tools. The first is the European budget – we had the last weeks, the last months, many debates together about this orientation for the next European budget. More than ever, we need to take decisions, we also need to adapt our strategy in order to take into consideration the huge consequences of this crisis. But this is not enough. Beyond the next European budget, we have also taken this very strong commitment to work together to launch a recovery fund, to mobilise more means, more money to identify our priorities in the near future.

Dans ce cadre, de ces deux instruments qui doivent être mobilisés, certains, j’en étais d’ailleurs, avaient appelé à l’idée de mobiliser une stratégie de type plan Marshall. J’ai proposé, je veux le faire ici encore, Monsieur le président, qu’on puisse travailler sur ce que j’appelle pour ce qui me concerne un plan De Gasperi du nom d’un des pères fondateurs italiens, afin de travailler ensemble sur les modalités en terme de financement qui doivent faire l’objet du débat. Comment va-t-on financer? Comment va-t-on identifier la hauteur des moyens qui sont nécessaires? Et comment va- t-on identifier l’interaction entre ce fond de relance et de transformation d’un côté, et le prochain budget européen? Et surtout, comment va-t-on s’accorder sur la manière de mobiliser les moyens? Comment, avec bon sens, avec efficacité, va-t-on mobiliser les moyens qui seront nécessaires pour réussir cette relance économique? Enfin, à côté de ce débat sur la relance, sur la transformation qui va devoir se poursuivre au départ des propositions que la Commission européenne fera en prenant en considération cette pandémie qui amène la Commission à mettre de nouvelles propositions sur la table, à côté de ces dispositions-là, il est un autre point que je voudrais mettre en évidence à l’occasion de ce moment qui m’est donné de partager avec vous.

C’est l’importance de ne pas perdre de vue que l’objectif fondamental du projet européen depuis son lancement après la Deuxième Guerre mondiale a été non seulement la paix et la prospérité, mais cette idée que c’est ensemble, en coopérant ensemble, en travaillant ensemble pour plus de solidarité et d’unité, que l’on peut relever les défis auxquels nous faisons face. Et le moteur de ce projet européen a été tout au long des dernières décennies, aussi, cette question de la convergence européenne: faire reculer les disparités, faire reculer les différences et plus que jamais, face à cette crise, nous ressentons à quel point il va être essentiel de convaincre l’ensemble des Etats membres que cette crise ne doit pas être une raison, un prétexte, une excuse pour aggraver des divergences sur le plan européen, pour aggraver des différences et des disparités sur le plan européen. Mais au contraire, doit nous renforcer dans cette volonté commune de travail pour plus de convergence, pour plus de cohésion et pour plus d’intégration européenne. Plus que jamais, je partage la conviction que cette crise révèle à quel point la solution c’est plus de coopération, plus de convergence, plus d’intégration et pas l’inverse. Parce que l’on sait que l’inverse, ça voudra dire beaucoup plus de fragilité et beaucoup plus d’incapacité. On le voit quand on est confronté à un impact de manière globale qui nécessite des réponses qui doivent être globales naturellement.

Enfin, je voudrais vous dire qu’il y a un autre point extrêmement important. On voit des premiers impacts déjà très durs sur le plan économique, par exemple dans le secteur du tourisme, par exemple dans le secteur du transport aérien et dans beaucoup d’autres secteurs également. Nous voyons bien qu’il y a pour les prochains jours, les prochaines semaines, la nécessité de travailler activement sur base des propositions qui sont émises par la Commission, des recommandations, même si les États membres ont des capacités de décision sur la question des frontières, la question du tourisme, il est important que très rapidement, sur base de ces propositions qui sont émises, les États membres soient assis ensemble autour d’une même table, les manches retroussées, pour essayer d’avoir de la cohérence, pour avoir aussi la capacité de relever ce défi là. J’en appelle à la réouverture des frontières européennes dès qu’il sera possible, en prenant bien sûr les mesures de précaution qui doivent être prises, mais la question de la libre circulation des personnes, une question extrêmement importante, la capacité de progressivement rouvrir nos capacités de développement est aussi extrêmement essentielle sur le plan social. Et j’espère que l’on pourra, dans les prochains jours, réellement faire des progrès en permettant à ce que les États membres soient autour d’une même table pour prendre des décisions de concert de manière cohérente, de manière synchronisée et pour montrer là aussi notre capacité de résilience européenne.

Enfin, je voudrais vous dire, même si ce n’est pas directement lié aux débats du dernier Conseil européen, qu’il me paraît centrale au moment où je m’adresse devant le Parlement européen de dire avec solennité, comme président du Conseil européen, que la primauté du droit européen est effectivement un sujet central quand il s’agit de faire progresser les idées européennes, faire progresser la coopération européenne et en cela, le rôle de la Cour européenne de justice est un rôle central pour garantir une interprétation uniforme du droit européen.

Il y a 70 ans, Robert Schuman exprimait, au travers d’une déclaration qui aujourd’hui encore, constitue un socle, constitue une fondation pour ce projet européen, des valeurs qui, pour l’époque, étaient extrêmement innovantes dans un moment où, quelques années encore auparavant, des nations se faisaient la guerre, des générations se méfiaient les unes des autres, avaient fait le choix du repli qui avait amené la tragédie. Je ne m’exprimerai pas sur la question de savoir si ce à quoi nous faisons face se situe dans le champ de la guerre. Chacun trouve la capacité de développer la motivation pour faire face aux défis auxquels nous sommes confrontés, mais je vois en tout cas un point commun en cette situation il y a plus de soixante dix ans et la situation aujourd’hui. Nous faisons face à une crise globale, à une crise grave, à une crise sans précédent et de la même manière qu’à l’époque, il a fallu de la ressource, de créativité, d’innovation, d’audace, de courage, sortir des œillères qui avaient, pendant des décennies, tiré le monde vers le bas, de la même manière, plus que jamais, la question de savoir si cette génération politique, cette génération citoyenne aura la capacité d’audace, d’innovation, de créativité et de courage pour faire en sorte que l’on puise dans le drame de cette crise, dans la peine et dans le malheur auquel sont confrontées tant et tant de familles exposées très directement, que l’on trouve la ressource et l’énergie transformatrice pour faire de ce projet européen qui, de mon point de vue, est probablement une des plus belles idées politiques de l’histoire des femmes et des hommes, pour que l’on puisse faire de ce projet européen une capacité de relever ce défi et d’amener ce qui est au cœur de ce projet, finalement, la dignité des personnes d’amener des sociétés bienveillantes, des sociétés qui soient rassemblées afin de pouvoir regarder l’avenir avec davantage d’optimisme.

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